Martine et Polochon, criminels de l’extrême…

 

Roooh la la mais quel début sur Oahu ! Sur Waouh pardon (elle le mérite bien cette île !) !!

Malheureusement, dès le lendemain il est déjà temps de changer de crèmerie ! On se dirige vers le sud-ouest de l’île, histoire de voir un autre coin ! Alors là, tout change…

On quitte les surfeurs, le North Shore et les palmiers, et on retrouve une banlieue dortoir de la grande ville, pleine des typiques clodos hawaiiens bien en galère qu’on a déjà vus sur Big Island. Des petites maisons toutes pareilles, adieu les cabanons en bois colorés décorés de planches de surf !

On se retrouve chez un couple très très sympa qui nous loue une chambre ultra confort avec un grand king size bed et un super porche dehors où on peut se poser pour boire l’apéro, regarder le basket et rédiger un peu le blog !

Et comme il ne fait pas vraiment beau pendant 2 jours, du coup on en profite pour caler la (MEGA !) session shopping aux magasins d’usine locaux ! Yeaaaaah ! (et un petit passage par le grand mall d’Honolulu et le magasin Tesla…)

Kiki veut un chassis de Tesla?Hulk a l'air prêt à l'acheter...

Et en plus, la vérité si je mens, c’est Polochon qui a dépensé le plus et acheté la moitié du centre commercial (il risque pas de manquer de tenues de golf je vous le dis !). Il a même fallu qu’on aille en mission « valises et sacs à vide» pour pouvoir avoir des bagages à main dignes de ce nom pour le retour et réussir à tout ramener !!

Et oui, c’est aussi un petit peu le paradis tous ces magasins 😀 y’a pas que la plage dans la vie !

 

Heureusement qu’on ne passe que 2 jours dans la banlieue-de-la-mort !

Note aux futurs visiteurs d’Oahu : laissez tomber Waianae et le sud-ouest de l’île… pas grand intérêt !

 

Et on arrive déjà à nos quelques derniers jours…

Il est temps de découvrir Honolulu !!

Et histoire de découvrir Honolulu easy, il pleut des seaux ! Mais quand je vous dis des seaux, je suis encore loin de la vérité ! C’est le déluge total ! Il pleut tellement qu’il y a des cascades gigantesques sur tous les plis de la montagne (là où d’habitude y’en a pas…), c’est complètement surréaliste !

© mihungry sur Instagram

 

Malgré tout, on trouve quand même notre dernier Airbnb, dans une petite maison toute mignonne au pied de la montagne, à la sortie d’Honolulu ! On partage le lieu avec une famille de New Yorkais et 2 jeunes canadiennes en vacances qui viennent d’arriver à Hawaii ! L’auberge espagnole quoi !

Mais là ou le choix de ce Airbnb n’a pas été fait par hasard (secrètement, par Martine, of course !), c’est surtout parce qu’il est particulièrement proche de notre dernier challenge… Les Haiku Stairs !

Les Haiku what ?

Les escaliers de Haiku, ou Stairway to Heaven, c’est les escaliers d’accès à une ancienne station top-secrète de télécommunications mise en route pendant la deuxième guerre mondiale. Elle était planquée sur une arête au milieu d’une vallée, entourée des murs de montagne à plis qu’on a déjà vus. Et pour y accéder, la Navy avait d’abord construit une échelle de bois le long de l’arête… Puis ils ont fini par renforcer tout ça, et rénover pour qu’aujourd’hui ça ne soit plus du bois, mais des marches en métal.

Enfin bref, tout ça pour dire que les Haiku stairs, c’est une échelle de métal de 3922 marches qui monte le long de la montagne, et surtout que c’est la rando la plus hype de l’univers, notamment parce qu’elle est… illégale !!

Hé oui…

Propriété privée, interdit de s’y rendre et de les monter. 1000 dollars d’amende.

Mais castagnette, of course ! Ce serait mal connaître Martine que de penser que je vais pas les tenter !

Sauf que… J’avais omis (sciemment) de rappeler à Polochon qu’il était hors de question de rater ça. Paske Martine Sagittaire-feu-au-cul-reine-du-crime, c’est pas Polochon-pieds-sur-Terre…

Autant vous dire qu’il est loin d’être ravi…

Mais ça fait des jours que je me renseigne… Ca a beau être illégal, tout le monde les grimpe ces escaliers, donc tu trouves plein d’infos en ligne sur comment les trouver, comment y accéder, et tous les tuyaux qu’il faut ! Il semblerait qu’il y ait plein de moyens différents d’y arriver. Et que TOUS, nécessitent de partir en pleine nuit histoire d’éviter de se faire pincer…

Méthode 1 : traverser les tuyaux en béton d’évacuation des eaux (bon, t’es gentil, mais vu le déluge qu’on vient de se faire, je vais pas m’amuser à aller traverser tes tuyaux d’écoulements locaux, mourir noyée très peu pour moi !)

Méthode 2 : traverser toute la forêt de bambous pour contourner le garde qui surveille l’entrée aux escaliers (statistiquement parlant en ligne, je pense que 9 personnes sur 10 s’y sont perdues…)

Méthode 3 : traverser 2 propriétés privées, escalader du barbelé, grimper dans la boue, puis suivre la route et passer devant le garde tête haute comme des princes. J’ai choisi celle là. Hulk est de moins en moins ravi…

 

Pour le rassurer, on a décidé de faire une mission de reconnaissance dans le quartier histoire de voir d’abord à quoi ça ressemble de jour avant de revenir dans la nuit. La pluie s’est arrêtée. Mais c’est bouillasse-land… Après avoir vu le jardin du gonze qu’il fallait traverser, la pente de boue de l’angoisse qu’il faut grimper et les barbelés semi-enterrés, Hulk est loin d’être rassuré…

Allez, on fait un compromis.

Il paraît que maintenant, le garde est là toute la nuit (avant, il arrivait à 3-4 heures du matin), donc ça change rien de partir à 2 heures du mat ou à 6 heures, donc pour faire moins de chemin dans le noir total, on partira à 5 heures du matin, histoire que le jour se lève assez rapidement.

Et on se garera pas trop loin tout en faisant attention à pas gêner les voisins (qui en ont ultra marre de tous ces putains de grimpeurs criminels, au point qu’en fait ce sont eux qui payent le garde en bas des escaliers, qui du coup n’est pas un flic, mais juste un clampin qui ne peut rien faire d’autre que crier sur les gens et appeler la police, qui elle, ne va pas s’amuser à nous suivre sur l’échelle…), à ne pas faire aboyer les chiens du quartier, à ne pas prendre de PV…

Heureusement qu’on va changer les idées de Polochon en allant diner avec ma copine Sommer, de San Diego, une grande follasse qui vit maintenant avec son mari à Honolulu ! Elle nous apprend que la bonne bière à Hawaii coûte un bras, et elle en sait quelque chose, elle est Instagrammeuse de bière (oui, ça existe !), et elle fait partie d’un group de méga fans de bière avec qui ils dépensent mensuellement 1000 dollars pour une bouteille (grande j’espère !) de bonne bière qu’il dégustent en partageant (c’est des malades !!)

Mais même avec ça, il est pas tranquille de notre activité du lendemain Poloch… Il en dort pas de la nuit…

 

Il essaye par tous les moyens de me faire changer d’avis, quitte a s’énerver.

Mais Martine la têtue ne bougera pas d’un pouce. Et s’il faut, j’irai sans lui. Mais il a tellement peur que je me tue dans le noir qu’il veut bien venir quand même (rooooh mon petit Polochon d’amour !!)

 

L’heure fatidique arrive (moi non plus j’ai pas dormi de la nuit, peur de rater l’heure, peur de nous faire arrêter, peur de rater une marche dans le noir et de finir en bas du ravin… C’est qu’il a déteint sur moi le Hulk !).

Il est 5 heures.

Debout là-dedans ! Un peu de courage !

 

Allez.

On se gare.

On est silencieux comme des Iroquois, mais ça n’empêche pas le chien du quartier d’aboyer…

On passe devant l’avant dernière maison, et là, BOOM, le détecteur de mouvement fait allumer la lumière (merde, on va se faire jeter !)… finalement, personne ne sort. (il paraît que le mec qui habite là a pour habitude d’être devant chez lui à trois heures du mat pour filmer et menacer les criminels comme nous… ouf…)

 

On arrive au pied de la pente de boue.

Les choses sérieuses commencent.

En plus, faut pas trop s’éclairer pour pas se faire trop repérer – heureusement qu’on est venus hier je vous le dis !

(de jour, ça donnait ça…)

 

Allez, Poloch monte en premier pour me tirer dans la boue, on essaie de pas se flinguer dans les barbelés, on évite de déglinguer les tuyaux d’eau du mec chez qui on entre illégalement, on descend le cul dans la boue à travers les bambous, et ouf ! On a traversé l’épreuve numéro 1 : passer la première barrière !

Comme on a choisi le chemin facile mais via le garde, une grosse partie de la suite se fait sur la vraie route en goudron. Et comme on s’éloigne des maisons, on peut rallumer nos lampes.

La tension redescend un peu chez Hulk, on a passé l’épreuve voisins mécontents/barbelés/boue !

On suit les indications trouvées en ligne : à gauche à la première fourche. Puis à droite.

Après, il faudra trouver le chemin qui monte à gauche dans la forêt… mais c’est marque qu’il se voit bien alors…

 

Sauf que…

Soudain…

Un arbre.

Un groooos arbre. Nous barre le chemin.

Ah.

Mais c’est peut être juste la fin du chemin ?

On a raté le chemin à gauche ??

Attends on va fouiner.

Martine à 4 pattes dans les feuilles mortes en train de ramper sous les branches… C’est genre intraversable… Impossible que ça soit là…

Merde.

Je comprends pas… Pourtant on a suivi toutes les indications !!

Docteur patience, aka Polochon, après ces 5 minutes de recherches infructueuses de chemin, est déjà près à jeter l’éponge et à faire demi-tour (ça l’arrangerait même bien !).

Mais pendant ce temps là, je suis partie à plat ventre sous les branches de l’arbre en travers de la route, et comme il était trèèèèès gros, il m’a fallu un bon 5 minutes pour passer sous tout le merdier. Mais là…

Alléluiah !!

La route continuuuuuue en fait !!

Ouf !!

Polochoooooooooon !

Polochooooooon !

Viens, c’est par là !!

 

Une fois l’arbre-là-pour-prouver-qu’on-avait-vraiment-envie-de-trouver-la-route dépassé, tout est vachement plus facile !

On trouve le chemin à gauche super facilement, et hop là, on monte dans la foret pour 5 minutes, puis on re-traverse un grillage prédécoupé. Ensuite on retrouve le goudron, et plus qu’à tourner à gauche et suivre la route (couverte de branche pétées, merci la tempête d’hier !).

On arrive enfin sous le pont de l’autoroute, là où doit se trouver le garde. Faut prendre notre courage a deux mains. C’est le moment de vérité. Va falloir être forts. Et ne pas se démonter quand on va se fait engueuler…

Sauf que…

Pas de garde !

Pas de bagnole, pas de mec pour nous crier dessus, rien !!

Bah ça alors !!

 

On sait pas pourquoi, peut-être à cause de la quantité d’arbres tombés sur la route, mais pas de surveillance ce matin !! (wohoo, re-merci la tempête !!!)

 

On peut y aller tranquille !

Y’a plus qu’à contourner la dernière barrière, grimper sur les rochers mouillés ultra glissants, et on y est !!!

La première des 3922 marches en métal.

C’est la que la difficulté physique commence !

Bon, comme j’ai traîné Polochon ici, j’ai clairement absolument pas le droit de me plaindre de la difficulté (vous me connaissez maintenant, vous savez que quand c’est dur je crie sur Polochon et je le quitte de multiples fois, donc ça va pas être facile…), donc on a fait un deal : il va forcément monter plus vite que moi, donc il passe devant, il m’attend si il veut, mais il a pas le droit de me presser, et faut qu’il soit prêt au fait que je vais faire 12 000 pauses…

Allez, on se concentre, on assure la position de ses pieds sur ces marches ultra glissantes, on se tient bien sur les rambardes de chaque coté, et on y va…

3921, 3920, 3919…

3877, pause.

3876, 3875, …, 3862, pause.

Je vous passe la suite, mais il y a eu beaucoup… beaucoup… beaucoup de pauses !

On est passés par des sections complètement à la verticale, des sections à escalader parce que des éboulements avaient flingué les marches, des sections faciles…

Et au fur et à mesure, au dessus de nous le ciel s’éclaire, et on commence à voir autour de nous, à voir le vide et la végétation luxuriante pleine de gouttes d’eau.

Polochon s’est radouci, parce que quand même, c’est assez extraordinaire ce qu’on est en train de vivre…

Il y a deux grandes plateformes sur le chemin, pour s’asseoir un peu et boire un coup (putain vous y croyez que j’ai oublié d’emmener de quoi grignoter ??). Jusque là, je survis. Je pleure pas, je crie pas, je quitte pas mon Hulk. On boit comme des trous, il a déjà perdu 9 litres de sueur (je pense qu’il transpire tellement qu’il doit laisser une trainée de sueur derrière lui, histoire de rendre les marches encore plus glissantes pour les suivants !), mais à chaque plateforme la vue est de plus en plus incroyable ! Et c’est sûrement la rando illégale la plus fréquentée du Pacifique, parce qu’on voit des dizaines d’autres personnes là-haut, dont la moitié en train de skyper des plateformes pour montrer la vue à (et faire crier de peur) leurs mamans !!

Lentement mais sûrement, au bout d’une heure trente, on arrive enfin au sommet, après avoir croisé nos premiers redescendeurs, dont certains (ou plutôt certaines) en galère flagrante de vertigite aigüe (hé ouais, dans le noir ça faisait moins peur !). Alors c’est sûr, on aura raté le lever de soleil au sommet, mais on s’en fout ! La brume suit l’arête au sommet, et on la voit descendre doucement comme une couverture. Cette fois, on a largement dépassé le stade de l’incroyable.

De là-haut, on a une vue à 360 degrés sur l’océan, la ville, Pearl Harbor…

C’est juste absolument fabuleux.

Bon, il fait moins 60, y’a du vent, et on est trempés de sueur, mais si on fait abstraction du risque de pneumonie, ça valait mille fois le coup de risquer l’amende et la mort pour voir ça !! (mouahahaaaaaaa !!!)

Les hélicos de tourisme passent au-dessus de nos têtes, pleins de touristes estomaqués de voir ces grappes de malades mentaux accrochés comme des morpions le long de cette arête de jungle. C’est juste trop fou ! (et évidemment, la robe aussi est de la partie !)

Et finalement, c’est la descente qui aura été la partie la plus difficile. Il a fallu faire bien travailler les bras en s’accrochant à mort aux rambardes histoire de se rattraper en cas de glissade, et descendre « à cul » pour plus de facilité. On a même du convaincre quelques malade de vertigite aigüe que c’était le meilleur moyen de descendre (plus sécurisé, et qui fait moins peur, vu que tu vois pas en bas !).

Au final, on a fini par revenir en bas avec les jambes toutes ramollos et les bras qui tremblent, couverts de boue et trempés !

 

Mais au moins, toujours pas de garde, ni de flics ! Et jusqu’au bout, même au retraversage de la partie voisins mécontents/barbelés/boue.

Et Polochon déjà adouci, a finalement été complètement relaxé une fois l’illégalité terminée, la voiture retrouvée sans PV, et l’amende de 1000 dollars loin derrière nous.

Ca y’est.

Il me re-aime !

Ouf !! 😍

Et malgré tout, ça devrait rester, de loin, l’un des meilleurs souvenirs de tout notre voyage !!

Quelle belle façon de finir ce voyage de folie !!

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